Tami Notsani : « Unheard Stories » (Histoires secrètes)

Dans les années 30 le roi d’Albanie Zog 1er, confie au meilleur architecte italien de l’époque, Cherardo Bosio, la construction, d’un Palais Royal, aujourd’hui appelé le Palais des Brigades. Situé sur une éminence et entouré d’un parc d’où le roi et son entourage pouvaient jouir d’un panorama sur la ville, il ne fut jamais habité par le roi et sa famille et reste aujourd’hui tel qu’il fut dessiné.

S’il ne figure pas sur la longue liste des édifices démolis par la dictature au pouvoir en Albanie pendant la guerre froide, c’est que commandé par Zog 1er, il fut imaginé, construit et achevé par d’autres acteurs qui y ont semé les graines de leurs propres ambitions, de leur attachement à ce territoire, son sol et ses habitants. Malgré son entretien coûteux, les gouvernements successifs se le sont tous appropriés pour y magnifier leurs manifestations officielles.

Aujourd’hui, le Palais reste en service, aux mains d’une démocratie gagnée par le néo-libéralisme qui veille sur ce fleuron du patrimoine albanais commandé par un roi autoritaire et utilisé hier encore par un dictateur.

Tami Notsani a eu le privilège de photographier ce lieu où tout n’est que luxe, calme et volupté. Elle nous restitue le charme suranné, un peu défraîchi de ces meubles livrés à une solitude forcée, témoins d’un passé révolu et quasi inconnu puisque enfermés dans une capsule spatio-temporelle aux confins de Tirana, sur une petite colline boisée.

Née en Israël en 1972, Tami Notsani vit et travaille à Paris et en Israël.
Quittant des études scientifiques pour la photographie au sein de l’école des Beaux-Arts de Jérusalem, Bezalel, elle poursuit son parcours avec un troisième cycle au Fresnoy, studio national d’art contemporain.

À travers une pratique qui évolue entre la photographie, la vidéo et plus récemment l’installation et les performances participatives, elle mène une réflexion approfondie autour de l’identité, l’intime, la mémoire, la transformation et la transmission.

Elle développe un travail artistique où l’image tient une place essentielle. « Ses photographies montrent un univers familier, soumis à une inéluctable évolution dans le temps, les paysages s’y modifient, les personnes changent d’apparence, les similitudes des repères géographiques se superposent. L’idée d’une identité et sa relation à l’Histoire y devient fondamentale, notamment dans ses récentes installations performatives au sein desquelles les spectateurs sont invités à prendre part.» Anna Olszewska, commissaire d’exposition.

Ses œuvres ont été présentées en France et à l’étranger dans de nombreuses institutions et manifestations d’art contemporain, parmi lesquelles : le Mois Européen de la photographie, MNHA, Luxembourg; « Au bazar du genre », MUCEM, Marseille; MAMCO, Genève; Nuit Blanche, Paris; Emily Harvey Gallery, New York; Musée d’art d’Ashdod, Israël, ainsi que Les Rencontres Photographiques d’Arles.

Son travail figure dans plusieurs collections et institutions telles que le MAMCO à Genève, la collection départementale de Seine-Saint-Denis, le Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, le musée d’art d’Ashdod et la banque Discount en Israël, ainsi que dans diverses collections privées en France, Israël, États-Unis, Hongrie, Suisse et Italie.