"Il y a un an de mars à mai 2020, alors que Paris entre en confinement lié à la Covid-19, je décide de mettre en scène l’arrêt d’un modèle qui a atteint ses limites, vécues alors si intensément. Inspiré de la littérature d’anticipation propre aux époques inquiètes d’avenirs dystopiques (1984 – Orwell, A Brave New World – Huxley, La nuit des temps – Barjavel), je me questionne sur nos espoirs de renouveau. Je m'intéresse à cette frontière entre le possible et l'impossible, néanmoins advenu.
Pour rendre compte du caractère surnaturel ressenti alors, je choisis de détourner la représentation attendue de la photographie argentique documentaire par un procédé qui brouille nos repères de passé, de présent, de futur, de réalité et de fiction. Un négatif en papier japonais confère un aspect d’un autre temps aux photographies. Sujet aux accidents de prises de vues, il laisse ainsi apparaître des objets mystérieux descendus du ciel qui viennent chambouler nos certitudes et jettent le doute sur la rationalité même de ce que nous voyons. L’émulsion noir et blanc couchée directement sur ce papier laisse entrevoir sa texture délicate, faite de fibres de fleurs et de mûrier. Ces éléments naturels si délicats se font ainsi pour un temps les témoins bien réels d’un monde que l’on pensait indestructible, mais dont les croyances étaient finalement fragiles."
Maxime Riché